[Atelier de Ferailleur] Chez Tia

Le thermomètre indique 36 degrés à l'ombre, une journée fraîche pour Angy la chienne de la patronne mais pas pour Willy qui fait une pause. Voilà déjà deux heures qu'il essaye de réparer ce satané chariot à vapeur, la sueur lui dégringole du visage comme autant d'eau de la légende du niagara. Il se lève en s'épongeant le front puis traverse la pièce pour entrer dans le petit vestibule qui fait office de cuisine et prendre une bière dans le frigo.

Il décapsule sa bière et un toussotement lui fait faire un quart de tour vers la porte de l'atelier. Une grande ombre en en coupe-vent portant un chapeau assortis est tournée vers lui. Willy s'enfile une rasade et s'essuie la bouche.

"C'est quoi que je peu faire pour vot' service ?"

Le type avance dans l'obscurité de l'atelier et écrase une clope sur le sol. La voix grave d'un homme d'âge mure s'élève.

"Je viens rendre visite à une certaine Tia. Son nom est sur l'enseigne j'espérais la trouver ici."

Willy avale une autre rasade puis tend la bière en direction de l'homme qui rejette l'invitation de la tête.

"La patronne dors, faudra attendre, je suis désolé pour vous."

Le mécano retraverse le hangar et s'installe à son chariot posant sa bière à sa droite. La voix du cowboy s'élève à nouveau.

"Allez la réveiller c'est important et je suis pressé."

Willy tourne son regard borgne vers l'étranger qui fait au moins deux têtes de moins que le mécano.

"J'ai dis d'attendre. Je peu rien faire de plus pour vous."

L'homme semble très mécontent et commence à marcher vers l'escalier qui mène aux appartements de Tia. Willy se lève brusquement récupérant sa bière, Angy lève la tête et pousse un grognement peu amène.

La porte en taule de chez Tia s'ouvre sur l'intérieur sombre de l'atelier. Elle lance un regard fatigué limite borgne aux trois personnes présentes et se tourne finalement vers Willy.

"Rengaine ta bouteille Willy, monsieur est réglo."

Elle descend une marche et la porte de taule grince sur ses gonds se refermant derrière elle. Fringuée à l'arrachée d'un débardeur orange et d'un minishort en jeans Tia est pieds et mains nues, ses cheveux sont détachés, mais en revanche la main qui tient son desert eagle est parfaitement ferme. Elle fait signe à son hôte de descendre les escaliers devant elle.

"Alors qu'est-ce qui me veut chapeau long et bottes de cuir ?"

L'homme se retourne s'en faire d'histoires et descends les escaliers pour retraverser l'atelier et se retourner une fois près de l'entrée. Willy recommence à bricoler son chariot et Angy pousse un soupir avant de laisser sa tête retomber contre le sol aride du désert.

"Je viens vous proposer un contrat. La tête d'un homme contre dix milles Rios. A prendre ou à laisser."

Le type plonge les mains dans ses poches et semble attendre la réaction de Tia.

La marcheuse de l'ombre bronche.

"Dix milles ? Elle doit pas être facile à descendre cette tête. Qui c'est ? Et c'est quoi le hic ?"

Elle laisse retomber son bras droit, ne lâchant pas l'arme, mais semble mettre sa main gauche dans sa poche arrière. Elle prend une position posée et repousse ses cheveux en arrière, provocante.

L'homme ne bouge pas d'un sourcil fixant Tia de l'ombre de son couvre chef.

"Quelqu'un. Je ne peu pas révéler le nom pour l'instant. Question de précotions. Le hic ? Faut faire ça discrètement, personne ne doit savoir que vous êtes à l'origine de sa mort. Il faut que vous deveniez une de ses proches, et qu'il meurt de façon à accuser quelqu'un d'autre. Vous croyez que c'est dans vos attributions ?"

"Pour vingt milles oui."

Elle lui lance un regard prédateur contrastant avec un joli sourire aux dents blanches, trop blanches.

"Pour les détails de la mission ?"

L'homme hoche la tête et ne cherche pas à négocier l'offre de la tueuse. Il sort une enveloppe de sa poche droite et la laisse tomber dans la poussière du sol.

"Une adresse. Vous vous y rendrez demain, pour le déjeuner. Mon employeur ne vous recevra pas directement mais un homme de confiance vous fournira toutes les informations nécessaires. Si vous ne venez pas ce sera quelqu'un d'autre qui prendra le travail. Vous étiez la tête de liste, il reste encore deux personnes, moins douées, mais plus intéressées. A vous de voir. Autre chose ?"

Il replonge sa main droite dans sa poche.

Tia jette un coup d'oeil rapide à l'enveloppe puis reporte son attention sur l'homme. Elle écoute attentivement ce qu'il lui dit et enregistre bien les moindres détails de ses paroles. Le visage fermé, professionnel. Quant il termine par une ultime question elle esquisse un sourire rayeur.

"Oui. Je n'aime pas la concurrence."

Sa main gauche réapparaît à vue et se tend brusquement vers l'homme, suivant un alignement parfait de l'épaule au majeur. Une petite lame siffle dans les airs, un couteau à cran d'arrêt à destination de la carotide du messager. L'instant suivant ses deux mains se joignent autour de la crosse de l'automatique. Elle ajuste son tir et fait feu, cherchant à viser la tête de sa victime.

Tia penche la tête de côté et regarde le visage de l'homme qu'elle vient d'abattre avant de ranger son flingue sous son débardeur. Elle se tourne vers son mécano.

"Ferme la porte, je voudrais pas qu'un passant se demande ce que la cervelle d'un sale con fait chez moi."

Elle se dirige ensuite vers le cadavre, balance un coup de pied dans le colt et fouille le corps de son contact. Après ça elle ramasse l'enveloppe et l'ouvre.

Tia donne les 500 Rios à Willy et ne touche pas au colt ni à la drogue.

"Enlève moi cette tête de ces épaules et débarrasse toi du corps. J'irais toucher la récompense demain. Met la dans le congèle à côté de Rico. A eux deux ça va me faire 1500 Rios de plus. La semaine commence bien, avec un peu de chance ses 20 milles existent vraiment et je peu même peut être gagner un peu plus."

Tia fait demi tour et remonte l'escalier au pas de charge.

"Je vais rendre visite à une vieille copine. Bouge pas d'ici et laisse l'atelier fermé. Maroc ne veut son chariot que pour demain, repose toi tu as l'air fatigué."

Elle passe la porte et va se changer pour se rendre chez Roxane.